Les Chroniques de l'estran

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13/10/03 - Appareillage

Est-ce la saison ? est-ce ce début de plongée vers les crépuscules qui montent vers nous de plus en plus tôt ? je ne sais. Quoi qu'il en soit, je pixellise à nouveau cette fois blanc sur bleu - toujours cette petite référence "marine" qui me colle à la peau - et puis j'ai laissé venir la marée, celle qui venait depuis quelques temps déjà mais cette fois elle est à bonne hauteur et donc je frappe à nouveau alignant les mots qui, miracle technologique, appareillent presque aussitôt, sur la toile. Que dis-je ils sont portés par la toile ! alors tout dessus ! repartons vers d'autres horizons, vers d'autres rivages. Le vent semble portant et curieusement je note que c'est également un jour d'octobre, en 2001, que j'appareillais pour la première fois laissant ainsi monter le flot des mots jusqu'à vouloir les accompagner à moins que ce soit eux qui m'accompagnent...

 

  14/10/03 - Coïncidence

En effet, je viens de recevoir un mail de manuscrit.com qui annonce un tas de manifestations toutes en rapport avec l'écriture en ligne. Signe des dieux non ? les bloggers sont donc à la fête, au passage, une courte navigation sur les pages de ce site particulièrement riche et une phrase de Jack London que j'aime bien : "Ne flânez pas en sollicitant l'inspiration ; précipitez-vous à sa poursuite avec un gourdin, et même si vous ne l'attrapez pas vous aurez quelque chose qui lui ressemble remarquablement bien. Imposez-vous une besogne et veillez à l'accomplir chaque jour ; vous aurez plus de mots à votre crédit à la fin de l'année."
Je me suis souvenu de cette boutade de Jack London, dans Profession : écrivain , en lisant L'Atelier de l'écrivain - Conversations avec Carlos Gumbert . D'entrée de jeu, Antonio Tabucchi nous explique qu'il a "une attitude romantique à l'égard de l'écriture". Il déplore que la modernité ait fait abstraction des muses, "ces êtres mi-divins mi-humains qui visitent les hommes en leur apportant, par l'intermédiaire de la Beauté, la semence de l'Olympe" et déclare se refuser à écrire quand elles sont en vacances.
Je reviens de la Hague et pour tout dire la brume enveloppant le bout de la presqu'île à partir du Bacchus m'a semblé porteuse cet après midi d'un je ne sais quoi qui pourrait bien me pousser les doigts à imiter ce jeu d'avirons qu'avaient les anciens sur leurs esnèques lorsqu'ils approchaient de nos grèves.

 

 15/10/03 - Yuhangyuan

Je ne pouvais laisser passer cette journée historique sans évoquer Yang Liwei, le "yuhangyuan" autrement dit le "cosmonaute" chinois qui tourne actuellement autour de notre planète et qui, lorsqu'il aura effectué 14 révolutions (un comble pour un chinois de la chine populaire !) retombera dans un coin de désert mais auréolé à tout jamais de l'étiquette de Gagarine chinois. Bref, une belle aventure pour cet homme de 38 ans amateur de natation et de patinage lorsqu'il était gamin. finalement sa passion pour la science et la technologie et surtout sa grande stabilité psychologique lui ont ouvert les portes de l'espace, nul doute que Yang qui n'était pas un élève particulièrement brillant pendant les débuts de sa scolarité doit maintenant savourer pleinement la vision de son pays de si haut actuellement, lui qui n'était autorisé à rentrer "qu'une fois tous les quatre ans" dans sa ville natale, il voit maintenant Huanzhong d'un peu plus haut... Quant à son camarade Zhai Zhigang qui était lui aussi pressenti pour ce vol que croyez vous qu'il fasse actuellement ?

eh ben, il rit...jaune parbleu (oui je sais ce n'était pas nécessaire mais le parbleu va lui permettre de se mettre...au vert pendant quelques temps)

 

16/10/03 - Terre

Moment rare ce matin au cours de la balade dans les chasses d'à coté, accompagné d'Imako. Temps très frais mais d'une limpidité exceptionnelle et un regard vers la lune, pièce d'argent étincelante oubliée sur fond d'azur, m'a particulièrement ému, les dépressions de notre satellite naturel associées aux crêtes argentées de ses cratères faisant miroir à tous ces verts du chemin des oiseaux et de la colline posés sur un lit de bleu pale balafré ici et là de cirrus parfois adoucis d'orange clair, touches délicates posées par notre source bienfaitrice, Ré Horakty en personne. Présent depuis la nuit des temps, luttant avec insistance contre les ténèbres et faisant jaillir de l'obscurité ces bouquets de jade aux mille nuances, dressés vers le ciel, comme autant d'offrandes à l'harmonie céleste. Il y a des jours comme cela où l'on ressent au plus profond de soi ce magnifique cadeau porté à nos yeux, regardons et aimons car telles les feuilles jonchant cette trace masquée des nuées par les branches comme autant de bras cherchant vainement à les retenir, nous tomberons un jour à notre tour aux confins de notre éphémère existence.

 

17/10/03 - Dodécaèdre

Quelle nouvelle mes enfants ! l'univers dans lequel nous baignons ne serait pas infini ! En deux mots, les cosmologistes qui écoutent la musique de l'univers viennent de s'apercevoir qu'il y manquait des notes graves ! eh oui, notre cosmos joue donc dans les aigus et ce, depuis le Big Bang initial et le plasma porteur de la partition originelle. Selon un article du journal Le Monde d'aujourd'hui :

 Les cosmologistes expliquent que, de la même façon que "les vibrations d'une cloche ne peuvent pas être plus grandes que la cloche elle-même", l'Univers n'est pas assez vaste pour jouer les notes les plus graves prévues par la théorie. Ils ont donc envisagé la possibilité d'un cosmos fini qui aurait la forme de l'espace de Poincaré, du nom du mathématicien français qui l'a inventé. Il s'agit d'un dodécaèdre, un polyèdre régulier à douze faces dont les faces opposées sont connectées entre elles.

étonnant, non ? 

Cet après midi vent d'amont soutenu sur la colline, j'ai tondu (aspiré les feuilles mortes et les aiguilles de pin en réalité) la pelouse (enfin l'herbe plutôt) j'ai la vague impression qu'il manque quelques notes à mon gazon également, il fut un temps où l'on entendait l'herbe pousser en Normandie. Tout fout le camp ma bonne dame !

 

20/10/03 - Fumisterie

Coup de tabac chez les revendeurs de tiges de huit mes enfants ! En effet, journée historique puisque ces percepteurs déguisés sont en grève pour la première fois de leur histoire suite aux récentes augmentations de taxes sur les cigarettes. On croit rêver... Si l'on voulait véritablement lutter contre ce fléau, il faudrait tout simplement interdire la vente des clopes. vendre de la drogue et encaisser les taxes qui se mangent avec, quelle belle hypocrisie ! mais ne désespérons pas, viendra un jour où l'éducation prendra le dessus, c'est tout simple il suffit de faire prendre conscience aux enfants que fumer ne comporte que des inconvénients lourds car cela coûte cher (de plus en plus) et surtout cela est véritablement très dangereux. Une fois de plus on se plante lourdement, on traite les conséquences mais pas la cause. cela est valable pour toutes les drogues, le jour où nos jeunes n'éprouveront plus le besoin d'en consommer, le problème sera résolu.

 

22/10/03 - Nordet

Je reviens du bout du monde. Je rentre de la Hague où déjà le gris domine la lande. la boucaille s'insinue partout avec des airs de conquête et le Nordet fait plonger le mercure vers un petit 5° qui s'installe avec son cortège de brumes venant de la baie de Seine. un petit goût d'hiver avant l'heure en quelque sorte. ce midi, la balade avec Imako s'est limitée à une brève incursion sur le chemin des oiseaux sous le vent des haies qui malgré la chute des feuilles constituent encore un rempart efficace, filtrant le Nordet sur fond d'appels à l'invasion de corbeaux qui hantent encore toute la colline griffant de stries noires le ciel de plomb qui désormais ne laisse plus  place aux embellies qui luttaient encore se frayant une place ici et là en début de semaine. Ce temps est un temps à capeler un kabig.

 

23/10/03 - Famille

Déjeuner en famille ce midi. Quelle joie de voir ainsi rassemblés autour de la table Karen, Sophie, et Mélanie avec Aurélien, eh oui Mélanie est toujours avec Aurélien et inversement, quand on voit l'un, on voit...

les petits étaient là également Ilana, Quentin et Noam. nous avons partagé notre repas dans la salle, la véranda qui nous a accueilli depuis le printemps est pour l'instant un peu délaissée en raison des conditions météo de ces derniers jours. Quelle grande joie d'être tous réunis comme cela un jour en semaine sans rien de particulier, initialement on devait être quatre, puis cinq Sophie s'étant invitée naturellement mais les habitants de l'essaim ne sont pas restés en rade et ils ont volé vers nous. bel éclairage sur tous les visages et cerise sur le gâteau Matou et sa tablette de chocolat aux oranges confites qui s'est mise en orbite autour de la table à la fin du repas.

 

24/10/03 - Presqu'île

Embrasement derrière les nuées bleues en début de matinée et naissance de montagnes dans le Sud-Est de la colline d'Octeville avec des sommets panachés de blanc. Clin d'oeil ponctuel, mirage fugace à saisir sur l'instant, apparition prémonitoire ou avertissement des cieux pour annoncer le rude hiver à venir ? nul se sait. c'est aussi cela la magie de la lumière du Cotentin. les ciels sont à lire. Comment ne pas penser aux soixante drakkars rassemblés par Knut le danois dans le but d'envahir le royaume anglo-normand de Guillaume à l'été 1085. la flotte était là ce matin, cinglant vers l'Ouest au dessus de nos têtes. celle du roi du Danemark a été tranchée d'un seul coup alors qu'il était seul se recueillant dans une église avant de donner l'ordre d'envoyer la toile. Obscure rivalité de clans. la brève clarté automnale fond les époques sur cette terre longtemps convoitée et qui dresse toujours avec fierté ses hauts promontoires, sombres sentinelles veillant depuis la nuit des temps face au déferlement des voiles déchirant la brume comme autant de menaces venues du Nord.