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1813 - 2013 Bicentenaire du combat naval entre l’Alphéa et Le Renard

Ce week end, Port Dielette accueillait un rassemblement de vieux gréément pour célébrer le bicentenaire du combat naval entre la corvette anglaise Alphéa et le cotre corsaire français Le Renard. Etaient notamment présents La Recouvrance de Brest, la réplique du Renard de St Malo, le lys noir de Granville et la goélette Neire Maove de Carteret.

La Recouvrance et Le Renard

La Recouvrance et Le Renard

Le 12 septembre 1813, après avoir combattu la corvette anglaise Alphéa, relâchait dans le port de Diélette le corsaire Le Renard armé par Robert Surcouf, un navire de 70 tonneaux armé de quatorze canons avec un équipage de  cinquante hommes.

Le capitaine, lui-même grièvement atteint, fit mettre à terre ses blessés qui furent hébergés chez David Buhot, l’aubergiste. Madame de Bruc, châtelaine de Flamanville, «devança l’administration dans l’envoi des objets de première nécessité qui manquaient aux malades; aussi sa mémoire est restée bien chère aux Malouins».

A cette époque Diélette faisait encore partie de la commune de Tréauville ce qui explique que les quatre blessés qui succombèrent dans les jours suivants reposent dans son cimetière. Il s’agit du capitaine Emmanuel- Yves Leroux-Desrochettes de St- Malo (âgé de 26 ans), du lieutenant Louis, Michel Duval-Ramerie né à Ernée en Mayenne (âgé de 33ans), du matelot Mathieu Bragaja de Trieste (âgé de 42ans) et du mousse Thomas Lepelletier de St-Malo qui n’avait que 15ans. (En 1932, le Souvenir français rappelait leur mémoire en leur érigeant un petit monument).

Le capitaine Leroux dicta à son lieutenant, Jean Herbert, le rapport de ce combat mémorable livré à proximité des côtes anglaises pour l’adresser au Préfet maritime de Cherbourg. (Moniteur universel du 21/9/1813).

«J’ai l’honneur de vous informer que j’ai mouillé sur la rade de la Grande-Anse, port de Diélette, revenant de croisière. Nous partîmes de l’Isle de Bas (Batz, Finistère) le 8 avec grand frais d’ouest; dans la nuit, nous traversâmes, et le matin à 4 heures nous eûmes connaissance de Startpoint (Cornouaille anglaise) dans le sud-ouest, distance de 4 lieues. Le 9, à 3 heures (après-midi), nous aperçûmes une voile sous le vent, courant tribord amures; je la chassai et à 5 heures je la reconnus pour une goélette de guerre. Je virai de bord; elle imita ma manœuvre et se trouvait alors à distance de 2 lieues derrière nous. Elle me joignit à une heure. Je fis préparer la batterie et placer chacun à son poste. La goélette ennemie engagea le feu par des coups de canon de chasse. L’ennemi lança dans le vent et je lui envoyai la volée de bâbord; il laissa arriver pour passer sous le vent et nous riposta de la sienne. Je fis passer à tribord et je lui envoyai plusieurs bordées à portée de pistolet, soutenues de toute la mousqueterie. Pendant ces premières décharges, mon premier lieutenant Devose et les deux lieutenants Berthelot et Ramerie furent blessés et mis hors de combat ainsi qu’un grand nombre d’hommes de l’équipage. Il fit calme plat quoique la mer fut grosse et l’ennemi fut jeté par la lame sous le bossoir de dessous le vent. Je commandai l’abordage. L’ennemi, plus fort en nombre, le repoussa avec perte et nous envoya sa bordée à mitraille qui balaya tout le gaillard d’avant. Mon second fut tué dans cette décharge et j’eus plusieurs blessés. Je n’eus pas besoin d’exciter le courage de mes gens et M.Herbert, officier du gaillard d’avant, avec M.Lavergne, enseigne, réunirent plusieurs hommes pour faire une seconde tentative; mais les bâtiments rompirent les grappins d’abordage et se séparèrent. Pendant tout ce temps, la batterie des deux bords ne cessa pas de jouer et les officiers de gaillard d’avant jetèrent plusieurs grenades. Pendant que les bâtiments étaient abordés, nous nous arrachions les lances et les pistolets des mains les uns des autres et l’on se mutila sans pouvoir sauter à bord l’un de l’autre. L’ennemi sauta vers notre hanche de tribord, nous envoyant des décharges qui se succédaient vivement. Dans une de ces décharges j’eus un bras emporté et j’encourageai mes gens en criant: « Courage, mes amis, et l’ennemi va se rendre. » Je fis prévenir M.Herbert, le seul lieutenant qui me restait, de prendre le commandement du corsaire et il me fit porter dans la chambre. Il était alors trois heures. (du matin) M.Herbert, avec M.Lavergne, excitèrent le courage du petit nombre d’hommes qui restaient et continuèrent le combat, lorsque deux coups de canon, qui partirent à la fois de notre bord, parurent mettre le désordre à bord de l’ennemi. Comme l’officier commandant criait: «  ils sont amenés, bas le feu! », la goélette sautait à portée de pistolet sous le vent. Nous fûmes au même instant couvert de flammes et de débris qui tombaient en feu de tous côtés. L’officier commandant fit jeter de l’eau partout et ordonna de mettre les embarcations à la mer pour sauver ceux de l’équipage ennemi qui auraient pu échapper à l’explosion; mais notre chaloupe se trouva toute hachée et le porte-manteau à la traîne coulé. On en aperçut trois ou quatre nageant dans les débris et tout ce que l’on put faire fut de les engager à s’approcher du bord, le calme empêchant de naviguer; mais aucun ne put s’approcher. Ils s’écriaient qu’ils n’y voyaient pas. Il était alors trois heures et demie.  Le premier soin fut alors de s’occuper de nos blessés qui étaient au nombre de 31; cinq hommes seulement avaient été tués. Il ne nous restait que 13marins en état de manœuvrer. Nous nous réparâmes le mieux que nous pûmes et fîmes route pour la côte de France où nous sommes arrivés le 12».

Signé, pour le capitaine Leroux, Jean Herbert, lieutenant.

Le retour n’est ici qu’évoqué. M.R.Asselin fournit les précisions suivantes:… «Le lieutenant Herbert employa la journée du 10 septembre à faire les réparations les plus urgentes à la voilure  hachée par la mitraille et, vers 5 heures du soir, Le Renard cingla vers la côte de France, ainsi que Leroux en avait donné l’ordre. Pour échapper aux croisières anglaises qu’il rencontra, il fut obligé d’arborer le pavillon britannique, puis il longea Aurigny à portée de voix, se dirigeant vers Cherbourg où la marée l’empêcha de se réfugier; finalement il vint mouiller à Diélette»… Puis Jean Herbert, «le nouveau capitaine, fit réparer le cotre dans les huit jours qui suivirent son entrée en relâche. Jeune et actif, dès le 22 septembre, il appareilla pour St-Malo où il jeta l’ancre le lendemain 23 dans l’après-midi». Par décret du 9 décembre 1813, il recevait l’aigle de la Légion d’honneur.

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