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Pierre et Nicolas Dry, corsaires granvillais


Sous le règne de Louis XIV, pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg, les Granvillais hésitèrent à armer en course dès le début des hostilités en octobre 1688, on trouve trace des corsaires locaux qu’à la fin de 1690, il faut cependant noter que le terre neuvier La reyne des anges, capitaine Jean BAILLON accompagné de deux autres navires Granvillais, s’emparèrent à la fin du mois d’août 1689 d’un navire anglais de Bristol, l’unité. Les morutiers Granvillais étaient armés en guerre et marchandises et la commission avait été délivrée au capitaine BAILLON le 3 février 1689. Dans les années qui suivirent, nombre de terre neuviers furent transformés en corsaires. Cette transformation de la marine Granvillaise en flotte auxiliaire sera bien évidemment encouragée par le roi.

Naissance d’une dynastie

Jean DRY (1) s’est marié en 1632 avec Anne LEMOND. De leur union sont nés trois fils :

François (1.1), marié en 1652 avec Anne MAISTROT

Nicolas (1.2), marié avec Olive BAILLON

Pierre-Marie (1.3) marié avec Françoise de la Lande.

Nous détaillerons la descendance de Nicolas et de Pierre Marie :

Nicolas DRY (1.2) sieur de la Turbotière et Olive BAILLON ont eu trois enfants :

Jean DRY (1.2.1) sieur de la Turbotière né en 1673, marié en 1707 à Suzanne LOUVET

(ils auront un fils Nicolas marié le 11 juillet 1734 à Marie HUGON)

Marie DRY (1.2.2) mariée en 1712 à jacques LE PELLEY

Nicolas DRY (1.2.3) né en 1674,marié à Catherine de Peronne

Pierre-Marie DRY ((1.3) sieur de Hautmesnil marié à Françoise de la Lande, de leur union est né un fils :

Pierre DRY sieur de Hautmesnil (1.3.1)

Nicolas DRY (1.2.3) est donc cousin avec Pierre DRY(1.3.1) sieur de Hautmesnil.

Sur son frère, Jean :

Anne Cahierre, dans son article paru en 2003 relatant les armements corsaires de son aïeul, Leonor Couraye du Parc pendant la guerre de succession d’Autriche, précise qu’ en mai juin 1744, pour la remise en état et la transformation de la coque du Comte de Thorigny en Charles Grenot les armateurs Jean DRY (1.2.1) sieur de la Turbotière et Luc Gilles LUCAS des Aulnais cèdèrent une partie de leur réserve de bois de construction pour cette transformation d’un morutier en corsaire armé par Léonor Couraye du Parc.

Sur sa sœur Marie

Mariée en 1712 avec jacques LE PELLEY, sa fille Marie épousera Pierre François LE CHEVALIER, sieur de Boisdelle, ce couple aura également une fille prénommée Marie (1746 – 1769) qui épousera en 1766 Louis, Jean, François MARTIN, écuyer seigneur de Bouillon (1744 – 1816). De cette union, naîtront un garçon et une fille :

Pierre, Marie, Louis (1767 – 1847)

Jacqueline, Marie (1768 – 1848)

Nicolas DRY  (1.2.3)

Nicolas DRY figure sur la table des 77 capitaines corsaires et patrons enregistrés au quartier de Granville en 1706. (SHM Cherbourg 1P3)

On peut lire à la page 10 :

« Nicolas DRY fils de Nicolas et d’Olive BAILLON mary de Catherine de Peronne officier bourgeois âgé de 32 ans poil blond » (il est donc né en 1674)

drystandre

Dans la colonne de droite 1707 il est indiqué « la jambe droite emportée sur le St André en revenant de Terre neuve »

Le Saint André dont il est question en 1707 était un corsaire de 130 tonneaux et de 12 canons armé en 1692 par Guillaume ONFROY sieur du Bourg né à Granville en 1660, décédé le 8 septembre 1707 à Saint Malo, âgé de 47 ans et 7 mois.

Contrairement à d’autres armateurs, il persista à armer pendant les périodes de guerre de nombreux navires pour Terre Neuve et, en fin de compte, avec un succès certain.

navire130tx

navire d’environ 130 Tx donnant une idée du St André

terreneuvier normand

terre neuvier normand du XVIIIème (musée de Saint Malo) photo jmd

réalisation de Maurice BERTHELOT au 1/75ème (commande du musée de St Malo en 1957)

Ce bâtiment est appareillé suivant l’usage en Normandie pour la pêche de la morue sur les bancs, les pêcheurs du milieu du bateau qu’on appelle le bel, les pêcheurs de la galerie ou des gaillards. Un garçon de bord qui met avec un dijon des poissons que prennent les pêcheurs de la galerie dans une gouttière en bois, au moyen de laquelle ils se rendent auprès de l’étal qui est une table en bois que l’on voit sur le pont à un des bouts de laquelle est un décolleur et à l’autre un habilleur, chacun dans leur barril, au milieu est aussi dans son barril un mousse, qu’on nomme nautier, parce que sa fonction est de détacher les noues ou nauts, on voit encore un barril incliné il est destiné à recevoir les foies, dans la cale est un saleur avec des tas de morues salées en grenier.

Pierre DRY sieur de Hautmesnil (1.3.1)

Capitaine

En 1709 –1710 du Sainte Anne, 100 – 120 Tx 10 canons, 36 – 44 hommes (armateur Levesque de la Souquetière)

En 1712 du St Jean Baptiste, corsaire de 100 tx, 18 canons, 22 hommes

pierredry

Officier bourgeois âgé de 46 ans poils br demeurant rue St jean…

pierredry2

en 1709 à bord du Sage Salomon de St Malo pour Terre Neuve a été pris par les flessinguois (hollandais de l’île de Flessingue)

Il semble avoir quitté Granville pour Saint Malo en 1714 comme nombre de capitaines Granvillais demandés par les armateurs d’origine Granvillaise établis dans la cité malouine qui faisaient effectivement souvent appel à eux notamment pour la pêche à Terre Neuve. Ils utilisaient souvent le système du 1/5, dit « à la Granvillaise » pour l’acompte versé à l’équipage pour la pêche à la morue, à Saint Malo l’avance était plus importante mais la part sur les bénéfices plus faibles.

Enfin, signalons que Suzanne LOUVET, dite de « la turbolure »belle sœur de Nicolas DRY, apparaît à Saint Malo comme ayant armé en 1716, le Maure 150 Tx, 12 canons 55 hommes. Nicolas LOUVET Sieur du clos était capitaine du Maure en 1709 à Granville.

Nous terminerons cette brève notice en précisant que si dans un premier temps les DRY, famille probablement d’origine britannique, commencèrent à naviguer en guerre et marchandises à partir de Granville, ils ne tardèrent pas à rejoindre la cité malouine, en plein essor au XVIIIème et qui comptait déjà presque 19000 habitants, le pouvoir attractif de Saint Malo très fort au début du siècle incitera de nombreux armateurs Granvillais à venir s’y s’installer et ils furent parmi les plus actifs contribuant ainsi à l’essor et à la prospérité de la ville.

De nos jours, le patronyme DRY n’apparaît dans aucune commune de Bretagne ou de Basse Normandie. Par contre, à Dieppe, en Seine Maritime, quinze personnes portant le nom de DRY apparaissent dans l’annuaire électronique…

31 mars 2006

Jean-Marie Déant