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Une nécropole sous la plage

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sous la plage...une nécropole

Depuis de nombreuses années nous nous promenons sur la plage d’Urville-Nacqueville aux portes de la Hague. Nous venons d’apprendre ces jours-ci que nous marchions en fait sur un cimetière ! En effet, une nécropole datant de l’âge de fer vient d’être mise à jour par une équipe d’archéologues et dimanche dernier le site ouvert au public a attiré une foule nombreuse. L’endroit est protégé par un muret de sable, nous sommes en mortes eaux et le chantier doit être terminé le 15 mai prochain pour ce qui concerne les quelques trente cinq tombes découvertes et extraordinairement bien protégées par la vase et le sel. Après la découverte de la nécropole barbare de Réville sur la côte Est du Cotentin dans les années soixante et le remarquable travail effectué par Frédéric Scuvée qui a confirmé les relations commerciales entretenues au Vème siècle entre l’Europe du Nord et notre presqu’île, il apparait cette fois qu’il y en avait également un siècle avant JC entre le “port” d’Urville et la côte anglaise, juste en face. Le Cotentin est sans conteste une terre de passage et ce, depuis la plus haute antiquité puisque situé sur la fameuse route de l’étain et des îles Cassitérides…

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Quelle est la portée de cette découverte pour les archéologues ?

« On a tous rêvé d’être des archéologues qui trouvent. » Est-ce la raison pour laquelle des centaines de personnes se sont pressées hier après-midi sur la plage d’Urville-Nacqueville ? Sans doute. On n’a pas tous les jours l’occasion d’observer le travail des chercheurs. Le site date de 120 à 80 avant Jésus Christ. La nécropole gauloise, située à l’écart du village est le témoin d’une vie intense à cet endroit à l’âge de fer. Il s’agit sans doute du plus important carrefour d’échanges de cette époque dans le Cotentin.

Est-ce que les fouilles sont achevées ?

Le trait de côte a changé en deux millénaires. Mais pas tant que ça. Selon Anthony Lefort, doctorant à l’université de Bourgogne, le site d’Urvillle-Nacqueville pourrait s’étendre sur une grande surface. Plusieurs dizaines d’hectares. Il parle même « d’agglomération portuaire ». Un Cherbourg du temps de Jules César en quelque sorte. Les fouilles entreprises sur la nécropole ont déjà permis de mettre au jour trente-cinq sépultures. D’autres découvertes sont attendues avant le 15 mai date de fermeture du site. Des sondages seront effectués dans les marais, derrière les dunes, pour préparer une prochaine campagne.

Pourquoi les archéologues fouillent-ils à cet endroit précis ?

Coïncidence troublante : de l’autre côté de la Manche, exactement au nord d’Urville-Nacqueville, se trouve le site d’Hengistbury Head, dans le comté du Dorset. Occupé dès l’âge de la pierre taillée, c’est un site archéologique essentiel. Des échanges commerciaux existaient avec le village gaulois d’Urville. Lors d’une précédente campagne de fouilles, au pied du fort, des preuves de ces échanges ont été retrouvées, comme des tessons de poteries ou d’amphores ayant contenu du vin. Les fouilles sont effectuées pour étayer cette thèse.

En quoi la découverte de cette nécropole gauloise est-elle exceptionnelle ?

Il existe très peu d’exemples de nécropoles de ce type dans le grand Ouest. Pour une simple raison : la qualité de la conservation des objets de cette époque. Dans l’ouest, en général, la terre est acide. Mais les zones de marais, comme c’est le cas à Urville-Nacqueville, c’est le contraire. Le sel marin a également facilité la conservation.

Que vont devenir les objets prélevés par l’équipe d’archéologues ?

Ils seront envoyés au laboratoire d’archéologie de l’université de Bordeaux, spécialisé dans les rites funéraires. Il faudra plusieurs mois, voire des années pour les faire « parler ». Étudiés, catalogués, archivés, ils seront versés aux collections nationales.

Ce n’est pas pour ça que le public ne pourra plus les voir. En dehors de l’université, plusieurs collectivités, comme la communauté de communes de la Hague, ont financé cette nouvelle campagne de fouilles. A terme, on pourrait retrouver ces objets exposés au public. C’est le cas actuellement pour certains objets issus des précédentes campagnes, au manoir du Tourp.

3 comments to Une nécropole sous la plage

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