Samedi 10 août 2013 10h30.
Soleil Noir quitte son poste d’amarrage à port Chantereyne Cherbourg pour faire route vers Dielette.
A son bord, Sylvie, Hubert et votre serviteur. Le ciel est nuageux et une petite brise de Nord Nord Ouest rafraichit la rade. Nous sortons par la passe de l’Ouest et gagnons le large. Un premier bord long puis un second nous rapprochent d’Omonville, la nuée d’importants cumulus stagne au Sud vers la côte déjà lointaine de Cherbourg.
Il est midi trente, et Hubert nous dévoile la surprise qu’il a embarqué : du whisky suédois ! le pure malt coule dans nos gobelets et nous trinquons tous les trois à Soleil Noir et à cette belle journée de voile. Suivent les sandwiches fourrés à la ratatouille dont Lien, l’épouse d’Hubert, a le secret. Nos appétits sont aiguisés et pour tout dire j’ai les crocs ! le fromager du Poitou est rappelé dans le cockpit bientôt suivi des pâtisseries embarquées par Sylvie. C’est un festin royal arrosé de bière d’abbaye, le bonheur n’est pas loin. Dans l’enthousiasme général, nous décidons de fêter les 10 ans de présence de Soleil Noir à Cherbourg en organisant l’année prochaine une traversée de la Manche avec un navire en conserve, ce britannique nous accompagnera vers… Cowes, la mecque de la voile à l’île de Wight, foi de Hubert et Jean-Marie : nous le ferons ! mais pour l’heure les choses sérieuses sont à venir devant notre étrave et nous voici désormais parés à affronter le raz blanchard.
Soleil Noir taille sa route avec une belle vivacité, la brise a fraichit et c’est maintenant une jolie brise de force 4, l’idéale pour la voile, qui fait avancer le bateau qui passe dans un clapot déjà formé. Devant, au large de la basse de Bréfort, les moutons témoignent d’endroits où le rodéo est de mise. L’anémomètre grimpe à 25 nœuds de vent apparent, les rafales se succèdent et le bateau désormais gité accélère dans ces risées ponctuelles. Nous filons 7 à 8 nœuds, le pont sous le vent flirte avec l’eau. Nous nous félicitons de l’achat de notre Solent qui permet de garder la grand’voile haute.
Un dernier virement de bord après l’alignement du phare par la plate et nous déboulons full speed, le courant dans le cul activé par le coef de 86, nous voyons le phare du raz et la côte Nord qui défile rapidement derrière lui, nous avançons parmi les glaces, ces petits maelström que l’on ne rencontre qu’ici au large de Goury, et les marmites qui leur succèdent, ça swingue un peu et l’eau recouvre la plage avant à quelques reprises, dans la cabine, c’est le cafarnaüm, mon pc décolle de la table à cartes et suivi du téléphone, il se pose brusquement au pied du puit de dérive, nous sommes au rappel, vigilants aux cailloux qui, à babord, montrent leurs silhouettes menaçantes, nous sommes à plus de 10 nœuds, le raz est avalé et nous gagnons sous les nez de Jobourg et de Voidries, le vent qui était annoncé mollissant dans l’après midi et de secteur NNW est en fait au SSW et nous nous passons d’une allure portante qui aurait apporté un peu de confort dans la route vers Dielette. Qu’importe, nous ferons du près jusqu’ au bout. Arrivés en face de Vauville, la ligne à maquereaux est remise à l’eau, nous en sortirons ainsi une dizaine avant que nous nous présentions devant l’entrée du port de Dielette, il est 19h00, les petits cumulus de beau temps ont disparu, tempête de bleu sur la Hague Sud.
Nous entrons au moteur et votre serviteur après avoir fait un tour de reconnaissance, vire devant le seuil pour gagner l’intérieur du ponton d’attente en face d’un grand sloop allemand rouge du nom de Rotwind, nous débarquons nos affaires et notre pêche laissant Soleil Noir passer la soirée et la nuit en bonne compagnie.
Hubert reviendra demain pour l’emmener vers Carteret, à suivre…